L’aube pointe au volet. Cinq heures, cinq heures et demie ? Je ne dors plus.
Une première salve de toux. C’est mieux quand je dors, mais, là, impossible. Fini pour aujourd’hui, le havre du sommeil et le noir de la nuit. Alors.
La lueur se fait insistante
Me lever, mais pour quoi faire ?
Pour voir quoi ?
Le soleil comme chaque jour surgira de la montagne pour éclairer la plage.
La plage, entre mangrove et falaises, des kilomètres de sable blanc, blanc comme une peau pâle, comme les opales qui s’échangent contre des dollars à mon bar. Je la connais par cœur, la mer étalée, comme venue des collines lointaines, appuyées sur l’horizon.
Horizon fermé. Oui, fermé, nous vivons au fond d’une baie. Exceptionnelle, d’accord. Comparable à celle de Rio de Janeiro, pourquoi pas. En plus calme. C’est ce que je raconte aux touristes mais moi je ne regarde plus. Ni la mer trop lisse, ni les collines trop loin, ni la courbe de la côte. Trop connu, trop vu, la routine.
Les zébus errant sur la plage, les bateaux déjà prêts pour la pêche. Tout ce fourmillement de vies minuscules. Pas besoin de sortir pour les voir, c’est identique chaque matin. Même le dimanche.
Pour m’occuper, je rêve un peu aux seins de Félicité. J’arrive à bander encore en regardant Félicité, quand elle s’installe avec son matériel de massage, elle sort d’un sac de toile deux flacons d’huile et une serviette douteuse. Lire la suite >