LONDRES, 1980
J’étais heureux ce jour-là. Pour la première fois dans ma carrière de choriste : j’avais l’occasion de chanter « King Arthur » dans la patrie de Purcell et, de plus, à Covent Garden.
Une vraie consécration qui me consolait un peu de n’avoir pas encore décroché un contrat de soliste.
Les deux premières représentations avaient été magiques, la dernière promettait un somptueux acmé. Ensuite, ce serait l’Allemagne, puis Paris.
J’étais amoureux de la première soprano et, en attendant l’heure de l’ultime répétition, je déambulais dans Hyde Park, la tête sonnante du leitmotiv de l’opéra, des mots d’amour mêlés aux paroles du récitatif, tout pénétré des audaces harmoniques de Purcell, avec l’envie d’aimer toutes les femmes du monde.