Contributions en ligne, avril 2020
Confinement
Le haut-parleur somme les gens :
« Restez chez vous ! »
Le soleil brille, les oiseaux chantent,
Ils nous font signe !
On aimerait suivre l’élan
qui les habitent.
À demeurer entre des murs
est-ce possible ?
De sa fenêtre regarder
l’arbuste en fleurs
Ouvrir l’oreille au chant du merle
dans le vallon.
Sentir le vent et ses caresses
sur la peau rêche.
Goûter le vol en arabesques
d’une hirondelle.
Humer la terre et son parfum
au fond de soi.
Saluer de loin ses voisins proches
qui nous font signe
et reprendre le livre ouvert
depuis hier.
Savoir trouver dans le silence
la note juste
montée du cœur qui sait entendre
toute parole.
A
02/04
départ nuit
crête des vagues
Chant du coq
Aller vers la lumière
03/04
En passant, de loin, une femme guette un sourire
le mien est prêt à offrir, ça tombe bien
04/04
hibiscus au matin (je ne m’en lasse pas) : frais comme le sourire d’un bébé qui s’éveille.
-un papillon ; image envoyée par une amie que sa main expose à mon regard. Le papillon a des ocelles bleues comme le paon de jour mais des ailes de papillon de nuit. Vivant ou mort ce papillon tenu en main ? Jour/nuit. Qui sait ? qui sait aujourd’hui la part de jour la part de nuit ?
-Ecouter « Night in white satin »
05/04
Apprendre par cœur (tenter de)
Ce quatrain de François Cheng
Embruns vous ne laissez nulle part
L’empreinte de votre secret
Seules nos lèvres gardent de vous
Cette saveur de sel et de larmes
F m’envoie l’expression coréenne « sohwakhaeng », qui signifie
« une joie minuscule mais certaine, facile à atteindre au quotidien » (déguster un bon café, sentir du linge propre, écouter le chat ronfler…) »
Oui, c’est tout à fait ça !
06/04
Encore une aube. Ecrire un journal des aubes, quel privilège. Eclat turquoise sur la mer entre deux vagues.
Émotion : cette initiative d’un fleuriste las de voir pourrir les fleurs qu’il ne vend plus les a portées au cimetière et a fleuri chaque tombe.
06/04 M-F
occuper le temps pandémique
ranger
hier, trouvaille d’un carnet manuscrit de chansons d’autrefois
réentends les parents les fredonner
essaie à travers les refrains familiers
quelques notes inédites, maladroites
l’esprit et l’espace occupé
matin coloré différent
06/04
Le chat du voisin
approche
comme en invité
Je veille à na pas l’effaroucher
Merci
Les toutes petites feuilles du grenadier
brillent au soleil d’avril
guirlandes dorées
Merci
La voix chaleureuse d’un ami
une petite bouffée de présence
Merci
MC
Dans le jardin en friche
Pâquerettes
Un papillon blanc volète
Instant présent
07/04/ EH
Ce matin, je me suis parfumée comme pour un bal
Nul signe d’anosmie
Ce matin, je me suis fait un café corsé
Nul signe d’agueusie
La journée sera donc belle !
E
Instant de grâce : la lune plénitude, la mer aspire largement le reflet doré, la lune respire la mer à pleins poumons de lumière. Il est 6h. A l’est, des lueurs s’invitent, les nuages prennent une couleur corail.
au cœur de la fleur
la vie future
éphémère
et chatoyante
fragile
et infinie
Des mots nus qui font du bien
Oui c’est cela on est dans ce temps là
Une descente en soi
goûtée
A
L’horloge cassée
égrène un temps suspendu
L’air gelé retient les mots
sans pouvoir
ralentir le tempo d’un printemps
qui explose et jaillit
au mépris des interdits
Les nids gazouillent
et la cohorte patiente
des fourmis
strie l’herbe du jardin
du labeur minuscule
et têtu de la vie.
EB