Mon budget ! Mon budget ! Diminué de moitié, amputé de 50% ! Je suis vert, je suis mort, c’est la fin de ma carrière, de mon apostolat, de mon bénévolat ! Un scandale, une OPA, un sabotage …
Vite, mon délégué syndical ! Hélas, c’est moi, le délégué. Le seul syndiqué aussi. Alerter le Grand Patron ? Celui-là, on le voit jamais, est-ce qu’il existe, au moins ? C’est un lobby virtuel, un emploi fictif ! Vous y croyez, vous ?
Pendant ce temps, vous savez quoi ? Le Président, il augmente son budget perso de 200%, c’est juste, ça ? Ah, c’est pas un saint, le Nicolas ! C’est ça la société de demain ? Mon buget ! Me faire ça à moi !
Et qui a fait affluer les capitaux, renouvelé le concept, qui est le roi de la valeur ajoutée, le détenteur d’un marché hors norme ? Hein ? Parce que, entre nous, avec mon prédécesseur, un artisan modeste, sans envergure, le marché, il végétait : véhicule vétuste, rayon d’action limité, aucune pub. Quat’ sous de budget, ça lui allait, le pauvre vieux, mais les bénéf, que dal, la plus value, zéro. Moi, j’ai bouleversé le paysage. Ah, les fortunes édifiées sur mon image de marque ! Et moi, je le proclame, toujours intégre. Moi, j’ai une éthique, ils savent ce que c’est, au moins ?
Bref, ça n’aura pas duré longtemps, la gloire. La récession, qu’ils disent, serrage de ceinture, bouclage de bec, ça commence !
Déjà réduit mon équipage : sept, puis cinq, puis un … Le carburant se fait cher, et le prix de l’emplacement à l’année, la location de terrain.
Bref, tant pis : je renonce aux rennes, au traîneau, aux clochettes, à la tenue de gala, à la fourrure en gortex, aux bottes de cuir, ça suffit pas ? Je vais pas y aller en caleçon ? C’est ça qu’il veut le Président ?
Tant pis, pas de traîneau ? Je revendique, je me rebiffe, je révolutionne, j’irai quand même ! J’irai en luge !
Allez, c’est parti !
C’est la luge finaaaaaaaaaaaaaaaaaaaale !